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Décès de l’ex-Président nigérian à Londres, symptôme du “tourisme médical” : selon un archevêque

Le décès de l’ancien Président du Nigeria, Muhammadu Buhari, survenu dans un établissement de santé à Londres au Royaume-Uni, s’inscrit dans la dynamique inquiétante du “tourisme médical” au Nigeria, a déploré Mgr Alfred Adewale Martins, Archevêque de l’Archidiocèse catholique de Lagos.

Dans une déclaration rendue publique mardi 15 juillet, Mgr Adewale a imploré Dieu d’accorder au défunt président “le repos éternel” et a présenté ses condoléances à tous ceux attristés par sa disparition. Il a également interpellé les autorités nigérianes sur la nécessité de combler les lacunes du système de santé national.

Muhammadu Buhari, Président du Nigeria de 2015 à 2023, est décédé le dimanche 13 juillet dans une clinique londonienne “après une longue maladie”, a indiqué le porte-parole du président Bola Tinubu.

Le corps de l’ancien président, âgé de 82 ans, a été rapatrié au Nigeria le mardi 15 juillet. Il aurait atterri à l’aéroport de l’État de Katsina, au nord du pays, avant d’être inhumé dans le domaine familial de Daura, à environ 80 km de la ville de Katsina.

“Son décès dans un hôpital de Londres met à nouveau en lumière l’urgence de développer les soins et les infrastructures de santé dans notre pays afin d’enrayer le phénomène du tourisme médical”, déclare Mgr Adewale dans un communiqué d’une page transmis à ACI Afrique.

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Le prélat estime qu’il est “anormal” que l’ancien chef d’État d’un pays aussi important que le Nigeria doive se rendre à l’étranger pour se faire soigner. “Cela ne fait pas que vider les poches de ceux qui peuvent se le permettre ; pire encore, cela creuse davantage la détresse de ceux qui n’ont pas les moyens de se faire soigner hors du pays”, poursuit-il.

“Ceux qui n’ont pas les moyens de financer un voyage médical à l’étranger ont le sentiment qu’on les laisse mourir, même des maladies les plus facilement curables”, regrette l’Archevêque.

Il rappelle à cet effet les critiques publiques de l’ancienne Première Dame Aisha Buhari sur “le mauvais état de la clinique de la présidence” sous l’administration de son époux, des propos qui soulèvent selon lui de graves inquiétudes quant à la qualité des soins accessibles aux citoyens ordinaires.

Mgr Adewale évoque également le décès de l’ancien président Umaru Musa Yar’Adua en Arabie Saoudite en mai 2010. “C’est une honte que le décès du Président Buhari marque la deuxième fois qu’un président nigérian meurt dans un hôpital à l’étranger”, déplore-t-il.

Pour l’Archevêque de Lagos, il est urgent que “les gouvernements, à tous les niveaux, prennent conscience de la nécessité d’une stratégie pour améliorer les soins et les équipements médicaux dans le pays.”

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Il souligne que la mort de l’ancien Président Buhari dans un hôpital à l’étranger met en lumière la fuite des cerveaux, un phénomène qui affecte gravement le système de santé nigérian.

“C’est un signal d’alarme pour s’attaquer aux causes profondes de cette fuite des cerveaux, qui appauvrit considérablement notre système de santé”, avertit-il.

Selon lui, “presque tous les professionnels de santé au Nigeria attendent une occasion de Japa (expression populaire signifiant ‘émigrer’) pour offrir leur expertise à d’autres pays.”

“Ironiquement, ce sont souvent ces mêmes professionnels que l’on retrouve dans les hôpitaux à l’étranger où se rendent les Nigérians pour se faire soigner”, souligne-t-il encore.

Mgr Adewale, qui a débuté son ministère épiscopal en janvier 1998 comme évêque du diocèse d’Abeokuta, dit espérer que les circonstances entourant le décès de l’ancien président Buhari “seront un catalyseur pour une amélioration nécessaire du système de santé au Nigeria.”

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Charles Muchiri a contribué à la rédaction de cet article.

ACI Afrique